dimanche 6 juillet 2014

Anita Endrezze : Pourquoi la pierre ne chante pas d'elle-même

Anita Endrezze est Yaqui par son père. Les Yaquis sont un peuple amérindien établi au nord du Mexique et au sud de l'Arizona : http://www.manataka.org/page58.html

Si vous portez une pierre bleue à l'oreille,
vous entendrez la rivière ancienne
qui l'a prise pour cœur, 
le vent sec qui l'a prise pour langue
et la terre qui lui a promis une bouche de feu.

Un caillou tacheté est le fruit du rêve 
d'un appaloosa galopant. 
Les chevaux chantent la Cérémonie de la Prairie 
et les pierres-de-rêve giclent sous leurs sabots,
éclaboussent le ciel. 

Une pierre noire contient l'âme de l'ours 
saisi dans son dernier sommeil. Son chant entoure
la pierre, lui donnant l'apparence 
de la fourrure.

Toutes les pierres jaunes détiennent le secret des 
Hiboux. 
Toutes les pierres vertes sont les souffles des plantes 
qui chantent dans les nuits d'allégresse. 

 Une pierre rouge de petite taille est l'amour
 d'un homme et d'une femme lorsque leurs corps
 chantent sur l'herbe.

Une pierre grise est naturellement triste. 
Elle est un mot du langage ordinaire de la mort. 
Prenez-là. Un jour vous comprendrez. 



photo FD

Anita Endrezze, "Pourquoi la pierre ne chante pas d'elle-même", extrait de "Anthologie de la poésie amérindienne"
127 auteurs contemporains des Etats-Unis et du Canada choisis, traduits et présentés par Manuel Van Thienen,
Bacchanales n° 42 - Revue de la Maison de la poésie Rhône-Alpes - Le Temps des Cerises, 2008.

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