Voici quelques unes de ses "Pensées étranglées" :
L'esprit n'avance que s'il a la patience de tourner en rond, c'est-à-dire d'approfondir.
Premier devoir au lever : rougir de soi.

Pendant l'insomnie, je me dis, en guise de consolation, que ces heures dont je prends conscience, je les arrache au néant, et que, si je dormais, elles ne m'auraient jamais appartenu, elles n'auraient même jamais existé.
L'anxiété n'est pas difficile, elle s'accommode de tout, car il n'y a rien qui ne lui agrée. Le premier prétexte venu, un fait divers éminemment quelconque, elle le presse, le choie, en extrait un malaise médiocre mais sûr dont elle se repaît. Elle se contente vraiment de peu, tout lui étant bon. Velléitaire, inaboutie, elle manque de classe : elle se voudrait angoisse et n'est qu'angoissement.
Basilide, le gnostique, est un des rares esprits à avoir compris, au début de notre ère, ce qui maintenant constitue un lieu commun, à savoir que l'humanité, si elle veut se sauver, doit rentrer dans ses limites naturelles par le retour à l'ignorance, véritable signe de rédemption.
Ce lieu commun, hâtons-nous de le dire, demeure encore clandestin : chacun le murmure mais se garde bien de le proclamer. Quand il deviendra slogan, un pas considérable en avant aura été accompli.
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