dimanche 7 février 2016

Pleurez, oiseaux de février

Il y a un an, le 22 février 2015, je publiais un premier poème de Emile Nelligan dans lequel il rendait hommage à son père (voir ici). C'était un poète de Montreal, qui a passé plus de temps enfermé que libre : http://emilenelligan.free.fr/histoire.htm

Voici de lui un autre poème pour ce mois de février 2016, écrit vers 1898, c'est-à-dire lorsqu'il avait 18 ou 19 ans :

Soir d'hiver

Ah! comme la neige a neigé!
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! comme la neige a neigé!
Qu'est-ce que le spasme de vivre
À la douleur que j'ai, que j'ai!

Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire: Où vis-je? Où vais-je?
Tous ses espoirs gisent gelés:
Je suis la nouvelle Norvège
D'où les blonds ciels s'en sont allés.

Pleurez, oiseaux de février,
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez, oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du genévrier.

Ah! comme la neige a neigé!
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! comme la neige a neigé!
Qu'est-ce que le spasme de vivre
À tout l'ennui que j'ai, que j'ai!...


Poésies, éd. Boreal compact classique, 1996, p. 100

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