dimanche 13 mars 2016

Ce bref éclair né de notre singulière rencontre

Voici deux poètes chinois du début du 20ème siècle qui ont eu des parcours stylistiques un peu similaires et sont les auteurs d'une poésie assez raffinée. Avec d'autres, ils se sont groupés pour former la société littéraire "Croissant de lune", du nom d'une œuvre de Rabindranath Tagore. Ce sont des poètes inspirés à la fois par leur culture chinoise et par le romantisme et le lyrisme occidentaux.


HSU CHIH-MO (Xu Zhimo) (1897-1931) a commencé par des études de droit. Il a étudié l'Histoire aux Etats-Unis puis l'économie politique avant de partir étudier à Cambridge en Angleterre. Il est revenu en Chine en 1922 où il a été éditeur et professeur. Il est mort dans un accident d'avion en 1931.



Xu Zhimo.jpg
Je suis un nuage flottant dans le ciel
Qui se reflète  par hasard dans ton onde ;
Ne t'en étonne point
Ni ne t'en réjouis
Si dans un instant il emporte son ombre...

Nous nous rencontrons au cœur de la nuit,
Tu tends vers ton destin, moi vers le mien ;
Heureuse si tu t'en souviens,
Plus encore si tu oublies 
Ce bref éclair né de notre singulière rencontre.
 
Trad. F. Cheng, "Entre source et nuage", Albin Michel, 2002



WEN I-TO (Wen Yiduo)(1899-1946) a fait des études classiques en Chine puis, à partir de 1922, des études de peinture et littérature durant trois années aux Etats-Unis. Revenu en Chine en 1925, il est devenu enseignant et a continué de publier sa poésie. Il est l'auteur de deux principaux recueils : "Bougie rouge" et Eau morte". Il s'est engagé en 1944 dans la Ligue de la démocratie, qui prônait une troisième voie entre celle des nationalistes et celle des communistes. Il est mort assassiné en pleine rue en 1946 en raison de son engagement politique. 


Wen Yiduo.jpg

Ton mystère éternel, ton beau mensonge,
Ta question obstinée, ton pur éclat,
Je ne sais quoi d'intime, une haute flamme,
Une voix inouïe, mais qui es-tu ?
Nul doute en moi, ce lien doit être vrai ;
L'océan ne saurait trahir ses vagues!

On aime le chant quand on est dans le rythme,
O souffle fulgurant, tu m'as vaincu.
Tu m'as vaincu, chatoyant arc-en-ciel,
Toi, présence de cinq mille ans, sois là!
Mon seul désir : te serrer dans mes bras,
Comme tu es sauvage, comme tu es belle!

Trad. F. Cheng, "Entre source et nuage", Albin Michel, 2002



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