dimanche 12 février 2017

Le tyran, la poupée, femme fatale

Cesario Verde (1855-1886) est un poète portugais dont la carrière d'auteur a été trop tôt interrompue par la tuberculose. C'est un poète du réel et du quotidien qui a surtout été publié après sa mort à l'initiative d'un de ses amis, Silva Pinto. Il n'a pas été vraiment compris de son vivant mais son style a marqué un tournant dans la poésie de son époque. Le poème qui suit montre bien le style de ce poète et il a été très bien traduit par Elodie Dupau.

Vaniteuse

On dit que tu es pure comme un lys
Et plus froide et dure que le granit,
que moi qui passe pour ton favori
Fou de martyre et de douleur je vis.

On conte que tu es sérieuse, altière,
Pleine de prétention et de mépris,
Et que le plus grand plaisir de ta vie
Serait de m'escorter au cimetière.

On t'appelle impératrice des fières,
Le tyran, la poupée, femme fatale ;
Tu es, dit-on, un beau moule d'albâtre,
Dépourvue, telle une statue, de coeur.

On narre le cruel martyrologe
De ceux que tu fais tiens, ô corps parfait,
On suppose que ton coeur régulier
Bat aussi monotone qu'une horloge.

Mais moi je sais que comme l'opium toi,
Tu me tues, me rends fou et puis m'endors,
Comme les blés, que tu es blonde et d'or,
Avec beaucoup d'amour... d'amour pour toi.

Vaidosa

Dizem que tu és pura como um lírio
E mais fria e insensível que o granito,
E que eu que passo aí por favorito
Vivo louco de dor e de martírio.

Contam que tens um modo altivo e sério,
Que és muito desdenhosa e presumida,
E que o maior prazer da tua vida,
Seria acompanhar-me ao cemitério.

Chamam-te a bela imperatriz das fátuas,
A déspota, a fatal, o figurino,
E afirmam que és um molde alabastrino,
E não tens coração, como as estátuas.

E narram o cruel martirológio
Dos que são teus, ó corpo sem defeito,
E julgam que é monótono o teu peito
Como o bater cadente dum relógio.

Porém eu sei que tu, que como um ópio
Me matas, me desvairas e adormeces,
És tão loura e dourada como as messes

E possuis muito amor... muito amor-próprio.

 

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