dimanche 22 mars 2015

Le poète est un ouvrier

C'était le 17ème Printemps des poètes. Il en a fait l'affiche : Vladimir Maïakowski, poète russe né en 1893 et mort le 14 avril 1930.

 Le poète est un ouvrier et le chercheur aussi:
Rencontres Lascaux à Nantes les 26 et 27 mars : Territoires, ressources naturelles et sécurité alimentaire
 


Le poète est un ouvrier
On gueule au poète :
« On voudrait t’y voir, toi, devant un tour !
C’est quoi les vers ?
Du verbiage !
Mais question travail, des clous ! »
Peut-être bien
en tout cas
que le travail
est ce qu’il y a de plus proche
de notre activité.
Moi aussi je suis une fabrique.
Sans cheminée
peut-être
mais sans cheminée c’est plus dur.
Je sais, vous n’aimez pas les phrases creuses.
Débiter du chêne, ça, c’est du travail.
Mais nous
ne sommes-nous pas aussi des menuisiers ?
Nous façonnons le chêne de la tête humaine.
Bien sûr,
pêcher est chose respectable.
Jeter ses filets
et dans les filets, attraper un esturgeon !
D’autant plus respectable est le travail du poète
qui pêche non pas des poissons
mais des gens vivants.
Dans la chaleur des hauts-fourneaux
chauffer le métal incandescent
c’est un énorme travail !
Mais qui pourrait
nous traiter de fainéants ?
Avec la râpe de la langue, nous polissons les cerveaux.
Qui vaut le plus ?
Le poète
ou le technicien
qui mène les gens vers les biens matériels ?
Tous les deux.
Les cœurs sont comme des moteurs,
l’âme, un subtil moteur à explosion.
Nous sommes égaux,
camarades, dans la masse des travailleurs,
prolétaires du corps et de l’esprit.
Ensemble seulement
nous pouvons embellir l’univers,
le faire aller plus vite, grâce à nos marches.
Contre les tempêtes verbales bâtissons une digue.
Au boulot !
La tâche est neuve et vive.
Au moulin
les creux orateurs !
Au meunier !
Qu’avec l’eau de leurs discours
ils fassent tourner les meules !

Vladimir Maïakovski,
Ecoutez si on allume les étoiles, Le Temps des Cerises. Poésies choisies et traduites du russe par Simone Pirez et Francis Combes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire