dimanche 15 mars 2015

L'Havamàl de l'Edda

 L'Havamàl est un très vieux poème de l'Edda scandinave. Il s'agit d'un recueil de préceptes censés venir de Odin. Il compte 165 strophes.

Cet extrait (strophes 39 et 41 à 48) est le fruit d'une traduction "scientifique" et non poétique. Il s'agit de la traduction réalisée pour Marcel Mauss qui l'utilise pour illustrer ses travaux de recherche sur le don et le contre don (potlatch) qui sont les ancêtres de ce qu'on appelle aujourd'hui un contrat d'échange. Marcel Mauss en fait l'épigraphe de son "Essai sur le don".

Je n'ai jamais trouvé d'homme si généreux
et si large à nourrir ses hôtes
que "recevoir ne fût pas reçu",
ni d'homme si... (l'adjectif manque)
de son bien
que recevoir en retour lui fût désagréable.

Avec des armes et des vêtements
les amis doivent se faire plaisir ;
chacun le sait de par lui-même
Ceux qui se rendent mutuellement les cadeaux
sont le plus longtemps amis,
si les choses réussissent à prendre bonne tournure.

On doit être un ami
pour son ami
et rendre cadeau pour cadeau ;
on doit avoir
rire pour rire
et dol pour mensonge.

Tu le sais, si tu as un ami
en qui tu as confiance
et si tu veux obtenir un bon résultat
il faut mêler ton âme à la sienne
et échanger les cadeaux
et lui rendre souvent visite.

Mais si tu en a s un autre
de qui tu te défies
et si tu veux arriver à un bon résultat,
il faut lui dire de belles paroles
mais avoir des pensées fausses
et rendre dol pour mensonge.

Il en est ainsi de celui
en qui tu n'as pas confiance
et dont tu suspectes les sentiments,
il faut lui sourire
mais parler contre coeur ;
les cadeaux rendus doivent être semblables aux cadeaux reçus.

Les hommes généreux et valeureux
ont la meilleure vie ;
ils n'ont point de crainte.
Mais un poltron a peur de tou ;
l'avare a toujours peur des cadeaux.

Marcel Mauss, Sociologie et anthropologie, Quadrige, Presses Universitaires de France, 1993, p. 145.

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