dimanche 2 août 2015

Le temps n’est plus aux gerbes de myrte

Hala Mohammad, poétesse invitée au festival de littérature de Berlin.


Hala Mohammad est syrienne. Elle est une des voix féminines de la poésie arabe contemporaine. Aujourd'hui en exil, elle incarne en écrivant la cause de son peuple syrien sans faire de distinctions entre religions et groupes ethniques.

Le silence est la langue du réfugié invité
Le réfugié n’a pas de voix
il ferme la porte sur sa voix
quitte la porte de l’Histoire
sans un grain de géographie.
Les mots
tombent de fatigue
par les poches trouées
par la bouche des enfants endormis.
Les mots
se balancent par terre
s’agrippent à la terre
Les noms émigrent
Les mots demeurent par terre
Blanc
est le sel des larmes
Ce mirage
tissu blanc de l’hospitalité
interdit au rire
interdit au toucher
interdit aux larmes
Blanc est le linceul
Comment l’enfant peut-il sortir ?
Comment l’enfant peut-il entrer ?
Tourbillon !
Nostalgie intense
pour le seuil !
Chut, lui dit l’absolu
Chut, lui dit le soleil
Chut, lui dit la vérité
Chut, lui dit son nom
Chut, dit-il à son nom
Et il se noie !

*********

Le temps n’est plus aux gerbes de myrte
Les tombes semblent passagères
La mort n’est plus ce qu’elle était
Les corps sont chauds
Souriants
Chaleureux
Libres
Ils semblent encore en vie
Ils ne meurent pas
Le Tyran
Veut exterminer la mort
Une stèle après l’autre
Il abat les sépultures
Il ne veut pas risquer
D’en garder une seule
Une seule …qui …
Lui serait destinée.

Traduits par Rania Samara

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