dimanche 31 janvier 2016

La vieille de la rue Mozart

Il y a 4 jours, c'était le 260ème anniversaire de la naissance de Mozart : le 27 janvier 1756.

Pour tout savoir sur l'opéra, le meilleur site est celui-là : Olyrix
 



         La vieille de la rue Mozart

       
          La vieille de la rue Mozart
C'est comme ça que les gens l'appellent
Même si c'est toujours la plus belle
Comme disent ses copains du bar

              Marcellina ou Susanna
              S'invite aux noces du quartier
              Elle aime danser et chanter
              Figaro si Figaro la

Souvent on rit de sa folie
Sans jamais en avoir pitié
C'est qu'Elvira a sa fierté
La fiancée de Don Giovanni

              Autant d'hivers que de printemps
              Au trente cinq de la rue Mozart
              La vieille n'a pas par hasard
              Des rêves éveillés différents

Dans le même bistrot elle attend
Ses vieux clients et ses amis
La petite Reine de la nuit
A toujours des yeux de vingt ans

              Il y a du bonheur dans son regard
              C'est fou ce qu'elle nous fait du bien
              Quand on la croise au petit matin
              La vieille de la rue Mozart

FD

dimanche 24 janvier 2016

I have a dream...

C'est cette semaine que les Etats-Unis ont fêté l'anniversaire de la naissance de Martin Luther King (1929-1968). Chaque année, le 3ème lundi de janvier est férié pour cette commémoration.
Martin Luther King a prononcé son discours "I have a dream" le 28 août 1963, à Washington, après la marche contre les discriminations raciales, devant 250 000 personnes. Voici la seconde partie du discours.




Je rêve qu'un jour notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo : “ Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes que tous les hommes sont créés égaux”.
Je rêve qu’un jour sur les collines rousses de Georgie les fils d’anciens esclaves et ceux d’anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.
Je rêve qu’un jour, même l’Etat du Mississippi, un Etat où brûlent les feux de l’injustice et de l’oppression, sera transformé en un oasis de liberté et de justice.
Je rêve que mes quatre petits-enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais sur la valeur de leur caractère. Je fais aujourd’hui un rêve !
Je rêve qu’un jour, même en Alabama, avec ses abominables racistes, avec son gouverneur à la bouche pleine des mots “ opposition ” et “ annulation ” des lois fédérales, que là même en Alabama, un jour les petits garçons noirs et les petites filles blanches pourront se donner la main, comme frères et sœurs. Je fais aujourd’hui un rêve !
Je rêve qu’un jour toute la vallée sera relevée, toute colline et toute montagne seront rabaissées, les endroits escarpés seront aplanis et les chemins tortueux redressés, la gloire du Seigneur sera révélée à tout être fait de chair.
Telle est notre espérance. C’est la foi avec laquelle je retourne dans le Sud.
Avec cette foi, nous serons capables de distinguer dans la montagne du désespoir une pierre d’espérance. Avec cette foi, nous serons capables de transformer les discordes criardes de notre nation en une superbe symphonie de fraternité.
Avec cette foi, nous serons capables de travailler ensemble, de prier ensemble, de lutter ensemble, d’aller en prison ensemble, de défendre la cause de la liberté ensemble, en sachant qu’un jour, nous serons libres. Ce sera le jour où tous les enfants de Dieu pourront chanter ces paroles qui auront alors un nouveau sens : “ Mon pays, c’est toi, douce terre de liberté, c’est toi que je chante. Terre où sont morts mes pères, terre dont les pèlerins étaient fiers, que du flanc de chacune de tes montagnes, sonne la cloche de la liberté ! ” Et, si l’Amérique doit être une grande nation, que cela devienne vrai.
Que la cloche de la liberté sonne du haut des merveilleuses collines du New Hampshire !
Que la cloche de la liberté sonne du haut des montagnes grandioses de l’Etat de New-York!
Que la cloche de la liberté sonne du haut des sommets des Alleghanys de Pennsylvanie !
Que la cloche de la liberté sonne du haut des cimes neigeuses des montagnes rocheuses du Colorado !
Que la cloche de la liberté sonne depuis les pentes harmonieuses de la Californie !

Mais cela ne suffit pas.
Que la cloche de la liberté sonne du haut du mont Stone de Georgie !
Que la cloche de la liberté sonne du haut du mont Lookout du Tennessee !
Que la cloche de la liberté sonne du haut de chaque colline et de chaque butte du Mississippi ! Du flanc de chaque montagne, que sonne la cloche de la liberté !

Quand nous permettrons à la cloche de la liberté de sonner dans chaque village, dans chaque hameau, dans chaque ville et dans chaque Etat, nous pourrons fêter le jour où tous les enfants de Dieu, les Noirs et les Blancs, les Juifs et les non-Juifs, les Protestants et les Catholiques, pourront se donner la main et chanter les paroles du vieux Negro Spiritual : “ Enfin libres, enfin libres, grâce en soit rendue au Dieu tout puissant, nous sommes enfin libres ! ”."

dimanche 17 janvier 2016

Ne trouvez-vous pas qu'on n'y comprend rien ?



Jean Tardieu (1903-1995), homme de théâtre et de radio, est un poète inclassable. Il a commencé des études de droit qu'il a interrompues par amour de la poésie. Il a bien eu raison.


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L'homme qui n'y comprend rien

Telle chose vient
telle autre se passe
telle autre s'en va.
Ne trouvez-vous pas
qu'on n'y comprend rien ?

Bien souvent les hommes
se trouvent mêlés
à leur propre vie
sans avoir compris
ce qui s'est passé.

Tenez une histoire
pas très compliquée
pourtant quel mystère !
J'étais sur le quai,
elle dans le train ;
le train est parti,
et je suis resté
debout sur le quai.
Jamais depuis lors
je ne l'ai revue
je n'ai rien compris
Que s'est-il passé ?
Que s'est-il passé ?

Autre phénomène
j'vais vous raconter
Dieu sait où ça mène,
quelle étrangeté !
J'étais endormi,
m'voilà réveillé,
j'étais dans la nuit,
fait jour aujourd'hui,
j'étais immobile,
j'me mets à bouger,
je vais dans la rue,
un homme apparaît
un instant après
il a disparu,
c'était le printemps,
puis il a neigé
puis c'était l'automne
puis c'était l'été
j'sais plus dans quel ordre
ça s'est succédé :
Que s'est-il passé ?
Que s'est-il passé ?

J'étais jeune et brun
j'avais des cheveux
et beaucoup de dents
j'étais mince et pâle...
Je suis rouge et blanc
je suis blanc et rouge
chauve et empâté
ridé, édenté,
je n'y comprends rien.
Que s'est-il passé ?

Mais voici le pire
j'avais une idée
pour vous en parler
et tout en parlant
je l'ai laissé filer
Bon Dieu quelle histoire
me voilà stupide
devant vous Madame
devant vous Monsieur
N'ayant rien à dire
je vais m'en aller.
Que s'est-il passé ?
Que s'est-il passé ?

Le fleuve caché, édition poésie/Gallimard

dimanche 10 janvier 2016

Je vois tout de mon petit mur

Ce poème est de René Char, poète et résistant français (1907-1988). Il est une sorte de parrain de ce blog puisque l'exergue lui est réservée.
Il s'agit ici d'un des deux poèmes écrit par lui pour être le texte d'une cantate composée par Pierre Boulez pour soprano, chœur et orchestre : "Le soleil des eaux". La musique date de 1947, mais Boulez l'a révisée plusieurs fois.
Une toute autre mise en musique est l’œuvre de Julos Beaucarne dans son album "Musiques du monde", paru en 2003.
Si René Char peut paraître un peu "hermétique", ce n'est pas le cas dans ce poème. Boulez, en revanche... Mais il nous a quitté et l'heure est aux hommages.

Elizabeth Atherton (soprano), BBC Singers, BBC Symphony Chorus, BBC Symphony Orchestra, Pierre Boulez (conductor) - Barbican Hall, London, 4th November 2005

La complainte du lézard amoureux

N'égraine pas le tournesol,
Tes cyprès auraient de la peine,
Chardonneret, reprends ton vol
Et reviens à ton nid de laine.
Tu n'es pas un caillou du ciel
Pour que le vent te tienne quitte.
Oiseau rural ; l'arc-en-ciel
S'unifie dans la marguerite.
L'homme fusille, cache-toi;
Le tournesol est son complice.
Seules les herbes sont pour toi,
Les herbes des champs qui se plissent.
Le serpent ne te connaît pas.
Et la sauterelle est bougonne;
La taupe, elle, n'y voit pas;
Le papillon ne hait personne.
Il est midi, chardonneret.
Attarde-toi, va, sans danger :
L'homme est rentré dans sa famille!
L'écho de ce pays est sûr.
J'observe, je suis bon prophète;
Je vois tout de mon petit mur,
Même tituber la chouette.
Qui, mieux qu'un lézard amoureux,
Peut dire les secrets terrestres? Ô léger gentil roi des cieux.
Que n'as-tu ton nid dans ma pierre!

Le soleil des eaux, éd. Gallimard.

dimanche 3 janvier 2016

Si j'ai parlé de mon amour, c'est à l'oiseau

Henri de Régnier (1864-1936) est un poète Parnassien, tout en nuances et en légèreté, comme je vous souhaite que soit cette nouvelle année 2016. 
Pour le présenter, Pierre Seghers utilise un vers de l'art poétique de Verlaine : "sans rien en lui qui pèse ou qui pose".
Normand, né à Honfleur, il a fait des études de droit avant de devenir poète et écrivain.
Portrait par Félix Vallotton (Le Livre des masques, Remy de Gourmont, 1898)

Odelette IV

Si j'ai parlé
De mon amour, c'est à l'eau lente
Qui m'écoute quand je me penche
Sur elle ; si j'ai parlé
De mon amour, c'est au vent
Qui rit et chuchote entre les branches ;
Si j'ai parlé de mon amour, c'est à l'oiseau
Qui passe et chante
Avec le vent ;
Si j'ai parlé
C'est à l'écho.

Si j'ai aimé de grand amour,
Triste ou joyeux,
Ce sont tes yeux ;
Si j'ai aimé de grand amour,
Ce fut ta bouche grave et douce,
Ce fut ta bouche ;
Si j'ai aimé de grand amour,
Ce furent ta chaire tiède et tes mains fraîches,
Et c'est ton ombre que je cherche.

Poèmes, choisis et présentés par Alain Bosquet, éd. Mercure de France, 1981, p. 74