Si vous portez une pierre bleue à l'oreille,
vous entendrez la rivière ancienne
qui l'a prise pour cœur,
le vent sec qui l'a prise pour langue
et la terre qui lui a promis une bouche de feu.
Un caillou tacheté est le fruit du rêve
d'un appaloosa galopant.
Les chevaux chantent la Cérémonie de la Prairie
et les pierres-de-rêve giclent sous leurs sabots,
éclaboussent le ciel.
Une pierre noire contient l'âme de l'ours
saisi dans son dernier sommeil. Son chant entoure
la pierre, lui donnant l'apparence
de la fourrure.
Toutes les pierres jaunes détiennent le secret des
Hiboux.
Toutes les pierres vertes sont les souffles des plantes
qui chantent dans les nuits d'allégresse.
Une pierre rouge de petite taille est l'amour
d'un homme et d'une femme lorsque leurs corps
chantent sur l'herbe.
Une pierre grise est naturellement triste.
Elle est un mot du langage ordinaire de la mort.
Prenez-là. Un jour vous comprendrez.
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photo FD |
Anita Endrezze, "Pourquoi la pierre ne chante pas d'elle-même", extrait de "Anthologie de la poésie amérindienne"
127 auteurs contemporains des Etats-Unis et du Canada choisis, traduits et présentés par Manuel Van Thienen,
Bacchanales n° 42 - Revue de la Maison de la poésie Rhône-Alpes - Le Temps des Cerises, 2008.
En voila de jolies pierres qui invitent au rêve !
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