A l'occasion d'un court séjour autant amical qu'ensoleillé à Lisbonne, près de la cathédrale, dans l'Alfama, j'ai renoué avec Fernando Pessoa (1888 - 1935). Ce grand poète et écrivain portugais est assez largement resté méconnu de son vivant. Il est mort pauvre et c'est après son décès qu'on a découvert plus de 25 000 textes de lui dans une malle. Il était complexe et écrivait sous plusieurs identités comme autant de personnalités différentes.
L'enfant que j'ai été pleure sur le chemin.
Je lai quitté en devenant ce que je suis ;
Mais aujourd'hui voyant que je ne suis plus rien,
Je veux aller chercher cet enfant que j'ai fui.
Ah, comment le trouver ? Celui qui s'est trompé
A l'aller, au retour se trompera aussi.
Je ne sais plus d'où je suis venu, où je suis.
Alors tout mouvement de mon âme a cessé.
Si je pouvais atteindre un haut sommet au moins,
Le haut d'une colline, pour y distinguer
Ce que j'ai oublié, m'en souvenir enfin,
- Dans cette absence au moins je me reconnaîtrais -,
Je trouverais, voyant ce que j'étais au loin,
En moi un petit peu de l'enfant que j'étais.
Poètes de Lisbonne (édition bilingue), Lisbon poets and co, trad. Elodie Dupau
A criança que fui chora na estrada
A criança que fui chora na estrada.
Deixei-a ali quando vim ser quem sou;
Mas hoje, vendo que o que sou é nada,
Quero ir buscar quem fui onde ficou.
Ah, como hei-de encontrá-lo? Quem errou
A vinda tem a regressão errada.
Já não sei de onde vim nem onde estou.
De o não saber, minha alma está parada.
Se ao menos atingir neste lugar
Um alto monte, de onde possa enfim
O que esqueci, olhando-o, relembrar,
Na ausência, ao menos, saberei de mim,
E, ao ver-me tal qual fui ao longe, achar
Em mim um pouco de quando era assim.
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