dimanche 4 octobre 2015

Un aller simple sur la mer...

Solo Andata est un poème de Erri de Luca, ouvrier, poète, écrivain, traducteur italien. Cet "Aller simple" est un hommage à tous les migrants de la terre.
On peut voir sur ce poème le film réalisé par Alessandro Gassmann, musique de Daniele and Mauro Durante, produit par OH!PEN Italia : clip Solo andata

Solo Andata

Nous sommes les innombrables, redoublés à chaque case d'échiquier,
Nous pavons de squelettes votre mer pour marcher dessus;

Vous ne pouvez nous compter, une fois comptés nous augmentons
fìls de l'horizon, qui nous déverse à seaux.

Aucune police ne peut nous opprimer
plus que nous n'avons déjà été blessés.

Nous serons vos serviteurs, les enfants que vous ne faites pas,
nos vies seront vos livres d'aventures.

Nous apportons Homère et Dante, l'aveugle et le pèlerin,
l'odeur que vous avez perdue, l'égalité que vous avez soumise.

De toute distance nous arriverons, à millions de pas,
nous sommes les pieds et nous soutenons votre poids.

Nous déblayons la neige, nous lissons les prés,
nous battons les tapis, nous recueillons la tomate et l’insulte.

Nous sommes les pieds et nous connaissons le sol pas à pas,
nous sommes le rouge et le noir de la terre,

Un outremer de sandales défoncées,
le pollen et la poussière dans le vent de ce soir.

L'un de nous a dit au nom de tous:
 “Vous ne vous débarrasserez pas de moi.

D'accord, je meurs,
mais dans trois jours je ressuscite et je reviens».

Source : page facebook de Erri de Luca

Solo Andata

 Siamo gli innumerevoli, raddoppia ogni casella di scacchiera
lastrichiamo di corpi il vostro mare per camminarci sopra.

Non potete contarci, se contati aumentiamo
figli dell'orizzonte che ci rovescia a sacco.

Nessuna polizia può farci prepotenza
più di quanto già siamo stati offesi.

Faremo i servi, i figli che non fate,
le nostre vite saranno i vostri libri di avventura.

Portiamo Omero e Dante, il cieco e il pellegrino,
l'odore che perdeste, l'uguaglianza che avete sottomesso.

Da qualunque distanza arriveremo, a milioni di passi
noi siamo i piedi e vi reggiamo il peso.

Spaliamo neve, pettiniamo prati,
battiamo tappeti, raccogliamo il pomodoro e l'insulto,

Noi siamo i piedi e conosciamo il suolo passo a passo.
noi siamo il rosso e il nero della terra,

Un oltremare di sandali sfondati,
il polline e la polvere nel vento di stasera.

Uno di noi, a nome di tutti, ha detto:
“Non vi sbarazzerete di me.

Va bene, muoio,
ma in tre giorni resuscito e ritorno”.

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