Je ne connais pas bien la poésie de Paul Valéry (1871-1945). Mais dans les Mémoires passionnants de Daniel Cordier, "Alias Caracalla" (folio, 2011), l'auteur, qui fut pendant la guerre le secrétaire de Jean Moulin, raconte que celui-ci aimait et connaissait par cœur des vers de Paul Valéry. Il en cite quelques uns. J'ai donc recherché ces vers que voici. Ils font partie d'un long poème sur les débuts de la Genèse, sur la tentation de la connaissance, qui est intitulé "Ébauche d'un serpent".
Soleil, soleil !… Faute éclatante !
Toi qui masques la mort, Soleil,
Sous l’azur et l’or d’une tente
Où les fleurs tiennent leur conseil ;
Par d’impénétrables délices,
Toi, le plus fier de mes complices,
Et de mes pièges le plus haut,
Tu gardes le cœur de connaître
Que l’univers n’est qu’un défaut
Dans la pureté du Non-être !
Grand Soleil, qui sonnes l’éveil
À l’être, et de feux l’accompagnes,
Toi qui l’enfermes d’un sommeil
Trompeusement peint de campagnes,
Fauteur des fantômes joyeux
Qui rendent sujette des yeux
La présence obscure de l’âme,
Toujours le mensonge m’a plu
Que tu répands sur l’absolu,
Ô roi des ombres fait de flamme !
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